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RETROUVER LE NOUVEAU TADORNE SURWWW.FESTIVALIER.NET

16 juillet 2010 5 16 /07 /juillet /2010 09:11

 

Ils sont trois sur un plateau dépourvu d'effets. Deux danseurs et un guitariste. Deux âmes et un politique.
Tels des énoncés de discours politiques, les accords joués par le guitariste résonnent dans les corps dansant leur état, leur passé et leur avenir. Lui, Idio Chichava, le noir, et son double, Frank Micheletti,  le blanc. Deux corps qui oscillent de manière différente, mais avec un but commun, nous raconter.
Tout commence dans la pénombre. Il bouge au centre du plateau. La faible lumière nous laisse l'entrevoir. Il est le berceau de l'humanité. Ses gestes lents marquent la difficulté de son être. L'acte de naissance est beau. Le tissu de ses muscles dessine son territoire.


kubi.jpg

Scandée par les riffles, la danse d’Idio Chichava est lourde de sens. La couleur de sa peau nous immerge dans un pays lointain, meurtri, où le corps est torturé. À le voir s'enrouler autour de la ficelle raccordée à la guitare, je pense à la prison et à ses sévices. Un corps déchiré qui s'agite et nous emmène dans un ailleurs. Il faut partir vite, se dégager, aller vers, trouver asile dans un lieu plus serein, empreint de liberté. L'entrée de Frank Micheletti apaise la tension corporelle. L'un contrebalançant la force de l'autre, le duo se forme. Les corps se mélangent faisant disparaître la couleur de peau. Il est noir, il est blanc, il est un tout.
Ce tout libère les corps. Ils dansent à perdre haleine. La musique accélère le rythme, le regard s'immerge dans cet espace que les corps dessinent. Je suis ici, ailleurs, à l'intérieur, à l'extérieur.
Je m'accroche aux interprètes. Ils sont ma bouée de sauvetage. Je suis pris dans un naufrage. Un naufrage humain.
Puis, tout se calme. Frank Micheletti est seul en scène. Il nous offre une danse sensible dans laquelle le corps a toute sa place. Il suspend le temps, je reprends mon souffle. Je pense au duo passé. Je me sens tout à coup seul, comme si la perte de l'un amputait mon autre.
Je repense alors au spectacle d'Ayse Orhon, vu il y a un mois au Festival d'Uzès Danse. Elle dansait le silence, eux dansent le rythme. Elle m'offrait la peur du vide, ils m'offrent la peur du plein.

Ressurgit alors le double, pour une tombée en abîme, racontant les corps de l'apartheid, la peur de mourir ici. Une sombre histoire qui n'a de cesse de se répéter. Le langage du corps prend toute sa mesure. Il est politique, économique, porteur d'une histoire sociétale, et appartient à nos identités culturelles avant de nous appartenir. Idio Chichava danse jusqu'au noir. Il s'accroche au plateau, pour nous dire son combat, et libère son corps avec le dernier souffle de sa vie.

Je quitte la salle abasourdi, regagne la lumière crue du dehors et le monde bourdonnant autour de moi. Je viens d'assister à une leçon géopolitique, très lointaine de l'effervescence avignonnaise. Depuis, le corps d'Idio Chichava m'habite. Cette danse est un acte politique nous dépassant.

Laurent Bourbousson - www.festivalier.net

 

Espaço contratempo, de la compagnie Kubilai Khan Investigations, au Théâtre des Hivernales, tous les jours à 19h00. Rela^che le 17 juillet 2010

Crédit photo: Eric Boudet

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16 juillet 2010 5 16 /07 /juillet /2010 01:25

 

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Animal presque, Homnimal, Homme dans tous ses états quoi qu’il en soit. Bien joli costume beige doublé rouge, chemise rouge en accord, le garçon s’est habillé pour la parade. Il va nous la jouer quarante cinq minutes durant et nous séduire avec force de talent et d’humour.

Fabrice Ramalingom a bien observé ses semblables et s’est bien observé, il a semble t-il atteint une distance suffisante pour  ouvrir la voie de nos traces mnésiques avec une belle tendresse. Il visite dans une gestuelle magnifique une foule d’attitudes que mâle déploie pour imposer sa « virilité » ; il distord avec malice et finesse l’attitude, le genre et le corps imposés. Il moque avec un bel aplomb l’usage du non que l’on acquiert en grandissant et qui égare le oui dans l’ombre des sentiers de nuit.

L’homme est un loup pour l’homme car il oubli le singe, c’est bien pourtant de l’arbre qu’il est descendu avant de courir l’asphalte. Avec une douce poésie Fabrice Ramalingom nous le prouve en image. L’homme peut alors être tendre et inviter à lâcher les armes quand il sait s’habiller de lui-même, le corps à nu et s’habiter assez fort de ses traces pour mieux se reconnaître et être reconnu.

Donc, n’ayons crainte d’être vu à un spectacle estampillé jeune public, il y a toujours un enfant qui sommeille en nous et qui lui n’a pas oublié le singe. Et puis m’est avis que certains passages risquent de donner de drôles d’idées aux petits…

Bernard Gaurier - www.festivalier.net

« Comment se Ment  » de Fabrice Ramalingom -Théâtre du CDC – Les Hivernales –Avignon -  13H00 du 11 au 23 juillet

Une vidéo en ligne ici.

Crédit photo: Eric Boudet

 

 

 

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15 juillet 2010 4 15 /07 /juillet /2010 19:00

Il est le musicien, elle est la chanteuse. Ils sont M. Loyal, le gardien de cet immeuble. Ils sont italiens, ça se voit. Comme une marque de fabrique: lui, le bel italien, elle, la mode incarnée. La lumière s'étiole, la musique commence et la voix envoûtante de la chanteuse me berce et permet l'accès aux autres. Ils sont le pont qui nous relie au plateau. Ils sont les passeurs. Un balai de portes débute. Elles tombent, se relèvent, s'ouvrent. Juste le temps d'apercevoir les hommes et femmes qui vivent de l'autre côté.
Ils sont cinq. Cinq, comme les doigts de la main. Unis, désunis, incarnant le vivre ensemble. L'espace scénique nous invite dans leur lieu d'habitation, dans leurs chassés-croisés. Tous sont célibataires (le mal du siècle), cherchant des moyens de communication, d'échanges. Le mouvement lie, délie les rencontres, les corps, nos corps, et souligne l'importance de l'humain qu'Internet a si facilement occulté.
Leur danse fluide a un aura tout particulier: elle est d'une sincérité déconcertante. J’imagine les accompagnant, sonnant à leur porte, dans leur danse empreinte de multiples références (Pina est toujours avec nous).
Leurs histoires s'inspirent du quotidien et l'influence de la Cinecittà est reconnaissable. Visconti, Rosseline, Fellini soufflent sur leurs échanges. Les images de Vespa, de la Mama, de la vie d'immeubles dépeintes dans les vieux films italiens, de l'animation des ruelles, prennent vie sur le plateau. On se sent comme chez soi est c'est ici que la légèreté apparente de la proposition laisse entrevoir l'acte politique et sociétal de la danse.
La fragilité des relations humaines mise à nu par le jeu des portes, la beauté des corps se découvrant et la fête pour mieux enivrer les pantins du monde, sont les ingrédients de cette réussite chorégraphique, et invitent le public à l'empathie. C'est une décharge contre le politique, car transposer les personnages dans un immeuble fantasmé, c'est évoquer la dureté de la vie, les privations auxquelles nous, citoyens européens, sommes prêts à affronter (l'image de la rose entre les dents est remplacée par celle du céleri, contexte économique oblige!). Leur monde est le nôtre et toute ressemblance est fortuite.
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J'ai aimé me perdre dans les étages de cet immeuble avec cette bande d'amis, trouvant refuge dans notre cercle, à fredonner des chansons pour endormir les banbini et nous faire supporter le réel.
Je ressors heureux, bercé par la légèreté ambiante qui se dégage de cette proposition, comme si je venais d'écouter un discours politique où tout irait bien.
Laurent Bourbousson - www.festivalier.net

Canzoni del secondo piano, de la compagnie Tecnologia filosofica, au Théâtre des Hivernales, à 10h00, juqu'au 23 juillet.

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15 juillet 2010 4 15 /07 /juillet /2010 18:00

Au festival Off d’Avignon, le solo de danse se fait discret dans l’affichage orgiaque de la ville. Difficilement «vendable», c’est le bouche à oreille et la notoriété du lieu qui fait office de promotion. Thomas Lebrun jouit d’une excellente réputation. Remarqué dans le « in » avec «Parfois, le corps n’a pas de cœur», il présente au Off trois solis rassemblés dans le programme «Allone#3» qui permettent d’appréhender un propos chorégraphique complexe. En jouant sur les mots (Allone, alone, seul), le solo pour exprimer la solitude, le corps, la marchandisation de notre époque et approcher cette danse aux multiples facettes.

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Pour débuter, un solo épuré. « Gwiazda » est époustouflant. Interprété par Anne-Emmanuelle Deroo, votre cœur ne cesse de battre à la mesure de ce corps pris de légers spasmes à l’origine du  mouvement. Métaphore de la chrysalide, vous ne la quittez pas, car la limpidité du propos accueille votre sensibilité. L'hyperbole de l'énigme du Sphynx donnée à résoudre à Ulysse plane. De la naissance à la vieillesse, couchée, puis debout, Anne-Emmanuelle Derro s’envole comme un oiseau de nuit qui aurait peur de la lumière. Magistral !

L’arrivée de Lora Juodkaité dans « to do this, don’t do that » est plus tonitruante. Tailleur classique, perruque noire, lunettes bling-bling, elle arpente la scène d’un pas assuré, entre défilé de mode et parade de séduction dans une boîte de nuit. Le personnage déroute. Il faut attendre qu’elle crée le ralenti, pour qu’une fragilité émerge. La carapace tombe. Dépourvu de ses artifices, notre danseuse a du mal à nous regarder droit dans les yeux et seul un juste au corps doré la protège de la  nudité. Torche vivante, elle se consume à chercher sa place, à assumer un rôle, prise dans de multiples contradictions. Elle nous promène, nous perd parfois, nous récupère parce que le corps enfermé dans certains codes de la danse classique, s’affranchit par la recherche d’un langage où l’émotion transperce sa peau dorée. Elle est l'humain polymorphe préférant s'égarer dans les méandres de  la représentation sociale quitte à se perdre elle-même. Touché mais pas coulé.

À peine remis, le voilà qui arrive. Thomas Lebrun en personne ! Claquettes au pied, comportement nonchalant. Il interpelle l’administrateur - régisseur- technicien (on est au off !), prêt à insulter le public de le déranger dans la torpeur de l’été. Il dit nous proposer une pièce non terminée, présentée en son temps à Lyon. Clin d’œil au Off qui autorise tous les recyclages, mais aussi au système de diffusion qui ne permet plus aux œuvres de se déployer dans le temps et l’espace. Notre inquiétude de spectateur d’être largué en rase campagne se déplace peu à peu! Pris dans la tourmente d’une valse de Vienne, la lumière devient plus inquiétante et le voilà affublé d’un masque de banquier en queue de pie puis d’une créature « féminine »  cauchemardesque. Leur danse bat la mesure d’un mix composé de musiques  publicitaires. Apportant une charge contre notre système marchand (tout se vend, pas de perte, que du profit), les recycleurs des musiques classiques, tel André Rieu remplissant des stades avec ses Valses de Vienne, n'ont qu'à bien se tenir. Thomas Lebrun explore et démonte les mécanismes de notre société qui a oublié tout sens premier jusqu’à se perdre dans le mauvais goût. Le découragement initial du chorégraphe devient (notre) son cauchemar : il noie sa danse dans le brouhaha marchand où la banque, coproducteur, le poursuit.

Mais l’homme a des ressources. Il tombe le masque, nous offre sa danse virtuose qui vous soulève le cœur de tant de grâce. Le final gourmand signe l’exigence d’un chorégraphe prêt à métamorphoser son angoisse en mouvement généreux. Rare et précieux.

Pascal Bély – Laurent Bourbousson - www.festivalier.net

« Allone#3 »de Thomas LEbrun à Présence Pasteur jusqu'au 14 juillet 2010. A suivre, "La constellation consternée" du 15 au 26 juillet à Présence Pasteur.

 

 

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11 juillet 2010 7 11 /07 /juillet /2010 22:37

Sylvain Pack et moi-même avons vu « En atendant » d’Anne Teresa de Keersmaeker. Nous avons écrit chacun de notre côté. Tentative d’articulation avant lâcher-prise !

 


20h30 précise, le Cloître des Célestins se remplit peu à peu. La chorégraphe belge Anne Teresa de Keersmaeker et son équipe longent la scène pour s’asseoir dans les gradins. Du groupe,  une femme tient un calepin entre ces mains. Ce sera la partition.

Il n'y a aucun décor, au centre, un large rectangle de sol damé. Quelques pierres affleurent à la surface. Sous les deux arbres, des feuilles épars comme si l'automne nous revenait en plein mois de juillet. L’odeur nous caressera.

Il y a un petit banc au bois usé, fragile, posé contre la force d’un arbre. Ce sera délicat et déterminé.

Il n’y a pas de projecteur. La lumière sera poésie et notre regard éclairera.

Il fait encore jour lorsqu'un joueur de flûte traversière se met en avant et nous interprète, d'une seule traite, toute la gamme de son instrument, utilisant le souffle continu jusqu'à son apogée et son éreintement. Le ton est lancé. Le corps sera musical. De son souffle, naîtra une partition chorégraphique.

Ils arrivent, quatre hommes, quatre femmes. Du dépouillement scénique, il ne reste que ce savant équilibre des sexes et leur vêtement de toile et de jean : ce sera un mélange des « genres » d’où la peau se libérera. 

"En atendant", la pièce d'Anne Teresa de Keersmaeker, commandé pour ce 64e Festival d'Avignon nous  coupera le souffle.  Lors de cette création, tous mes a priori partiront en fumée. Le maniérisme, voire une certaine suffisance, qui semblaient parfois poindre dans la maestria chorégraphique d'Anne Teresa de Keersmaeker, n'étaient peut-être alors que les effets d'une rigueur de recherche sans compromis. Chacun des interprètes teste le sol, apprend à marcher, seul ou ensemble, mais déjà nous sommes avec eux. Car la terre, est notre patrimoine commun. Nous la foulons tous. Voilà que la danse met en musique la terre promise, matière pour sculpter le groupe.
 
…/…Sylvain,  les spectateurs du Cloître sont derrière vous. Avec le pied à terre, nous battons la mesure de vos mots…C'est à vous...
 keersmaeker2.JPG
Tous les spectateurs sont aussi silencieux que l'espace, attentifs au son des pas et des premiers signes invisibles qu'ils tracent au sol. Le regard des danseurs s'inspecte, s'invite, se jauge. Aller. Retour. Le pneuma, mot grec désignant le souffle et, pour le monde médiéval, l'esprit, bat la mesure. Accompagnés par des chants qu'on entendait au XIVe siècle à Avignon même, les corps s'enhardissent dans des combinaisons toujours plus subtiles. L'Ars Subtilior, ce courant de la musique polyphonique se fond lentement à la danse, qui cache et rend si mystérieuse sa fabrication, qui superpose ses rythmes et complexifie toujours plus ses intentions.

Enfin, dans ce raga du soir, le soleil dépose ses dernières couleurs sur des tableaux inoubliables, corps groupaux enchevêtrés et illuminés par l'engagement de leur contact. Chutes du jour, chutes des époques. Les ressources et le don des interprètes m'animent, guident mon esprit et mon regard. Je me penche et me retourne pour ne rien rater, mais déjà la machine infernale d'Anne Teresa de Keersmaker est enclenchée. Et si je regarde un des corps se suspendre dans le temps et danser de l'intérieur, je ressens tous les autres qui font lien. Un autre mord la poussière à nos pieds. Un autre jouit et s'élance pour le simple et grand bonheur d'être animé.  Étrange sentiment lorsque l'objectivité nous quitte, que la raison s'éloigne et que tout autour devient monde sensible.

Nous enlevons nos armures et la moindre oscillation de note, le moindre détail, un échange de costume, de la terre collée au front, deviennent une affaire personnelle. On s'occupe de nous, on nous coupe de toute pensée et la beauté, surprenante donne, notion méfiée, prend le relais de nos paroles, emballe notre coeur, embue nos yeux. La nuit tombe sur le cloître. L'acuité des spectateurs est mise à l'épreuve, l'attention décuplée. Maintenant peut commencer l'émerveillement.

La transe ultramillimétrée d'Anne Teresa de Keersmaker me saisit et me perd. Je me sens plus humain, très concerné. L'offrande devient manifeste. Le plus jeune s'étend et donne au public la chair de son torse dans la pénombre grandissante de la cour. Il se relève et précise son geste, enlève sa culotte et s'allonge de nouveau dans la même position, une main cachant son visage. Mark Lorimer et Cynthia Loemij, poètes athlètes et fidèles danseurs de Rosas, décuplent de grâce, arpentent et font résonner tout l'espace de leur pieds nus. Nous sommes entrés dans la nuit, je navigue dans l'inconscience. Un danseur nu se jette au milieu et semble danser infiniment, pour la dernière fois, un corps blanc, dessiné par la nuit, unique lumière dans l'espace d'un monde assombri. J'entends derrière moi une personne qui ne peut retenir son émotion. Le spectacle s'arrête. J'essaie de reprendre contrôle, de revenir à mon siège. Je reprends souffle difficilement alors que les rappels et les hourras fusent déjà. L'émotion est partout.

Sylvain Pack
.


En quittant le théâtre, je marche sur le bitume. J’ai eu ma terre promise. Je ne sais plus où je vais.
Je ne sais plus rien de la danse.
Juste qu’elle est théâtre.
Pascal Bély - www.festivalier.net

 

"En attendant" d'Anne Teresa de Keersmaker au Festival d'Avignon du 9 au 16 juillet 2010.

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1 juillet 2010 4 01 /07 /juillet /2010 23:49

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Trois années sans quasiment aucune nouvelle de celui avec qui j’ai approché la poésie dansée.  Le chorégraphe  Christian Rizzo est de retour, au Festival de Marseille, pour “l’oubli, toucher du bois”. C’est un beau titre, car il évoque ce besoin presque vital de toucher du doigt que la danse est affaire de peau et de mémoire, de vie et de mort. Au commencement du spectacle, il y a ces projecteurs clignotants braqués sur nous pour nous éblouir: métaphore probable du tunnel qui mène vers un ailleurs, il s’ouvre vers cette scène sans fenêtre, mais avec trois portes. Le paysage est dedans, la nuit au dehors.

Ici, le décor est une peau de… bois, aux reflets d’écorce, témoignage du passé visible, d’un présent sensible et d’un avenir sans cesse à imaginer. Sept danseurs occupent cet espace d’une suprême douceur pour déplacer pendant plus de trente minutes, objets et corps. Un homme âgé, au début de sa vie (?), regarde ce défilé, pour ne rien perdre du ballet. Font-ils le ménage d’un désordre laissé par notre société consumériste? Aménagent-ils un lieu d’art contemporain dont on interrogerait ses finalités? Comme toujours avec Christian Rizzo, chaque mouvement est un geste d’une extrême poésie, avec la précision d’un horloger à la recherche du temps perdu.

Il y a parfois des effondrements, mais on se relève vite pour esquisser un nouveau geste accompagné par la musique de Sylvain Chauveau qui caresse le fragile. À partir du désordre, elle orchestre l’ordre vital, un vide ordonné, entre le dedans du décor et le dehors des coulisses…Et l’on n’a plus peur, car le vide, ce n’est pas rien... Car chaque mouvement est d’une tendresse infinie et apaise. Car le noir, est la couleur du mouvement.

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Alors, inéluctablement, on finit par ne plus savoir où l’on va tant ce spectacle vous attire au dehors des frontières habituelles de la représentation. On lâche la fascination pour ressentir ce tableau en mouvement. Des fulgurances me traversent alors que je vois plusieurs toiles de Magritte, tandis que certaines chorégraphies de groupe symbolisent le chaos du changement. Propulsé dans un environnement quasiment dématérialisé, je navigue entre vie et mort, sens et perte, évanescence et effervescence. Ma confiance envers Christian Rizzo est totale, car je reconnais chez lui l’art de jouer avec les symboles pour nous guider vers la contemplation.

Et je sais cher lecteur que je ne vous ai pas tout dit tout en supposant déjà que cela est assez flou  pour que vous ressentiez mon écriture dans un mouvement totalement désordonné. Mais libre.

Pascal Bély – www.festivalier.net

  


l’oubli, toucher du bois” de Christian Rizzo. Au Festival de Marseille le 27 juin 2010.

Crédit photo: Marc Domange.

 

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30 juin 2010 3 30 /06 /juin /2010 15:33

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C’est une pièce culte”; “A ne pas manquer”; “ comment ça, tu ne l’as pas encore vue?”. La pression est forte à la veille de “Rosas Danst Rosas” d’Anne Teresa de Keersmaeker, jouée au Festival Montpellier Danse. Cette pièce, créée en 1983 pour quatre danseuses (dont la chorégraphe) est une œuvre majeure du répertoire de la danse contemporaine. Car, comme le précise Wikipédia , “certains aspects de cette œuvre marqueront les bases chorégraphiques des pièces d'Anne Teresa De Keersmaeker notamment quant aux circulations élaborées et l'utilisation du motif de la spirale”.  Vingt-sept après, elle est toujours là, avec trois danseuses de la compagnie.

 

 
Je suis au premier rang, métaphore du premier de la classe, bien décidé à passer l’examen avec succès. Mais, au fond de moi, une certitude: le lien avec une œuvre de danse ne se commande pas. Je sais par expérience que c’est un art qui laisse chez chacun de nous des empreintes, où le spectateur élabore son histoire, loin d’être linéaire. Je pressens aussi que “Rosas Danst Rosas” vient un peu tard dans le lien que j’ai tissé avec Anne Teresa de Keersmaeker . Sa création “the Song”, vue à l’automne dernier, résonne encore. Je sais ce soir que je ne suis pas là où le festival Montpellier Danse m’attend. Je sais que je suis ailleurs. 
Pendant plus d’une heure trente, mes émotions sont à distance. Cela ne passe pas alors que l’œuvre est un …chef d’œuvre. Mais précisément, c’est de là où je la regarde. Je me sens écrasé par ces quatre femmes sublimes. J’observe leur danse comme si j’objectivais tout, à la recherche de ce qui fait “chef d’œuvre”. Je ne m’en sors pas. Mais Anne Teresa de Keersmaeker n’est pas avec nous. Une intuition. Son visage est souvent fermé comme si elle ne pouvait pas être là. Comme si les 30 ans de Montpellier Danse la statufiaient au moment où elle prépare sa nouvelle création pour le Festival d’Avignon. À mesure que “Rosas Danst Rosas”  avance, le climat est de plus en plus lourd dans la salle. J’entends des soupirs d’exaspération, mon voisin somnole et je ne vois qu’elle. Son visage. Son corps. Je me remémore son répertoire, “The song” vu à Nîmes, “Steve Reich Evening ” à Cavaillon en avril 2007, deux folies de danse, deux empreintes. Mon premier article sur le blog, c’était pour elle, en 2005. À chaque mouvement du quatuor, je feuillette notre livre d'histoire. 
Ce soir, elle danse mécanique, je les regarde calculateur. Elle paraît souffrir, je n’ai aucune empathie. Elle non plus. Le quatrième et dernier tableau où elles dansent pendant plus de trente minutes quasiment un même mouvement qui se déploie du carré au circulaire, finit par ouvrir une brèche: je referme le livre.
Je commence à bouger.
Pascal Bély- www.festivalier.net
"Rosas danst Rosas" d'Anne Teresa de Keersmaeker. Les 25 et 26 juin 2010 au Festival Montpellier Danse.
Crédit photo: Tristram Kenton

 

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28 juin 2010 1 28 /06 /juin /2010 14:17

Est-ce déjà l’effet du château  de William Forsythe, assiégé la veille à Montpellier Danse par une cohorte de spectateurs bien décidés à en découdre avec eux-mêmes et cette société qui paralyse tant leur créativité? Toujours est-il que ce soir, le Pavillon Noir , citadelle "imprenable" de la danse à  Aix-en-Provence, ouvre sa programmation pour accueillir, grâce au Festival de Marseille, le grand chorégraphe Joseph Nadj . Ma détermination à tout lâcher pour que l’imagination prenne le pouvoir ainsi que l’extraordinaire dynamique créée par la troupe de Nadj, vont finir par pousser les murs de cette imposante forteresse de béton et de verre, qui voit déjà le lierre progressivement l'envahir sur l'une des ses facades...

A l’origine, il y a cette scène en lien avec le propos précédent: Joseph Nadj et sa caravane de "danseurs-sculpteurs" et de musiciens se regroupent autour d’un piano qu’ils dépècent peu à peu. L’objet résiste tant bien que mal à l’assaut, mais doit capituler: tel un cercueil grand ouvert, des fleurs finissent par pousser à la place des cordes. La musique sera donc matière vivante. Le spectacle peut commencer!

lenght_of_100_needles-c-edvard-mulnar-3-copie-1.jpg

Le décor fait immédiatement penser à une cave à jazz avec au mur, un cerf dessiné à craie. On imagine mal comment des danseurs vont pouvoir se mouvoir dans un espace aussi restreint. Mais Nadj ne s’encombre pas de ces considérations spatiales. Il crée, et c’est jouissif d’assister, in situ, à un tel processus. L’orchestre de  jazz fait exploser les corps, amplifie chez chacun sa posture de “statue” en mouvement, malaxé par le désir de transformer de leurs arts florissants, les parois de cet espace. C’est ainsi que l’art rupestre se confond avec la danse. Le corps peint. Tout le corps. On ne sait plus qui tient le pinceau, car rien ne se perd, tout se réinvente.  C’est un éloge de la troupe des troubadours, celle qui prend les chemins sinueux de l’art de la métamorphose. Très vite, je ressens que c’est notre regard de spectateur qui provoque l’alchimie ou pas: en effet, ce spectacle très visuel repose sur notre désir d’imaginer cette scène comme notre caverne secrète…

J’ai donc accepté d’accueillir l’art de Nadj, de voir chez chacun d’eux, non un modèle passif dépendant du bien vouloir du maître, mais des artistes actifs maîtres de leur destin. Et quels artistes! Ils libèrent leur jazz pour que vos oreilles regardent, ils prennent leur masque de sorcier pour que vous écoutiez leur danse! Ils convoquent le charmeur de serpent pour hypnotiser l’artiste et le silence est un art. Ils ouvrent fenêtres et portes pour que la nuit, nos ancêtres puissent inspecter nos créations de vivants torturés. Et je jubile parce qu’à chaque instant, ma parole pourrait se délier.

 
Alors que je tends mes mains pour toucher, une pluie d’étoiles vient s’y poser. C’est fini.  Je savoure les applaudissements du public: non qu’ils soient unanimes, mais reconnaissants à Joseph Nadj d’être un artiste accompli, en recherche et qui offre à chacun de nous, la capacité de se positionner en spectateur actif ou observateur non jugeant. 
Je quitte le Pavillon. Au loin, je vois sur ses murs noirs, les mouvements dansés peints par Nadj. Une empreinte pour ne pas oublier que les murs ont aussi la parole.

“Length of 100 needles” de Joseph Nadj; au Pavillon Noir d’Aix en Provence dans le cadre du festival de Marseille les 24 et 25 juin 2010. 
Crédit photo: Edvard Mulnar

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27 juin 2010 7 27 /06 /juin /2010 15:53

À 9h, je reçois un SMS de Montpellier Danse m’informant que l’installation chorégraphique de William Forsythe, sera ouverte de 10h à 19h. L’entrée y sera libre. À communication de masse, on pouvait s’attendre à la foule des grands événements. Et pourtant, alors que tout est prévu pour faire face à l’affluence des spectateurs, nous sommes peu nombreux à nous présenter pour pénétrer dans le château fort gonflable posé sur l’immense scène du Corum. Au préalable, il faut se délester de ses bijoux, portable, montre, ceinture: il ne nous reste plus beaucoup de repères esthétiques (certains hommes en perdent leur pantalon!) , ni temporels. Étonnamment, c’est la perte du portable qui semble perturber bon nombre de visiteurs avant d’entrer dans cette installation.

 

Bienvenue dans la forteresse de l’Europe, bienvenue en France, pays rigidifié où les corporatismes, les lieux de pouvoir “formolisés”,  sont autant de murailles à franchir qui épuisent la jeunesse. Il est blanc, couleur de tous les possibles. À nous de le repeindre à partir de nos désirs, de nos rêves. Alors que nous entrons, le sol se dérobe presque sous nos pieds. Nos corps flanchent et nous sautons. Comme des enfants. Les visages se détendent et nous retrouvons, jeunes et adultes, le droit au jeu, celui que tant d’idéologies sacrifient sur l’hôtel de la rentabilité immédiate. Deux adolescents improvisent des mouvements, à la fois pour se séduire, s’engager dans une compétition et se faire plaisir. À peine quelqu’un s’approche de vous, et des vibrations parcourent votre corps. Vous courez et vous faites des bonds qui ne correspondent pas toujours à l’énergie que vous déployez comme si le désir guidait tout. Vous marchez et le temps s’étire. Plus aucune rationalité ne vient perturber cet espace où le spectateur prend en main son destin d’acteur chorégraphique! Alors que votre corps perd ses centres de gravité, vous le sentez au cœur d’une toile d’interaction où chacun, à  un moment donné ou un autre, peut prendre le contrôle des vibrations pour lâcher ensuite. Cette utopie démocratique, participative, positionne l’art chorégraphique comme le seul capable de s’affranchir de nos théâtres en dur, de nos “cités” de la danse. “Si j’ai monté White Bouncy Castle, c’est justement parce que la démocratisation de la danse à l’intérieur d’un théâtre me semble impossible” (William Forsythe). À quelques mètres de là, l’Agora, la nouvelle cité internationale de la danse, en impose. Elle a tout d’un château fort. Dans sa cour, au sol presque blanc, on aperçoit un pupitre et quelques chaises. Monsieur Montanari, son directeur, s’apprête à recevoir la Légion d'Honneur.

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Direction le Pavillon Populaire du Musée Fabre qui vous accueille pour une série d’installations de William Forsythe. Au festival d’Avignon en 2005, nous avions déjà ressenti la force de certaines propositions au croisement de la danse et de l’art contemporain. A Montpellier Danse, point de danseurs sur scène. Place à la vidéo et à ses différents formats (grand tableau, miniatures, au sol, élevés,…) qui changent radicalement notre rapport à la danse. Ici aussi, nous perdons tout repère temporel: il n’y a ni début, ni fin et pas d’applaudissements. Nous avons tout notre temps pour entrer en résonance avec la force de ses mouvements.

Lorsqu’il danse un solo sur une scène noire à peine éclairée, le corps met en déséquilibre l’image. Forsythe sublime la vidéo de la danse  qui devient un art (extrait ici). Plus loin, deux écrans vissés en haut du mur, à l’opposé l’un de l’autre, se répondent. On perd toute notion spatiale (où sont le haut et le bas?). Forsythe danse entre deux tables, avec pour décor une armoire à pharmacie. Je m’égare dans cet espace de danse, me tourne et me retourne. Entre ces deux écrans, il y a le spectateur qui fait son montage. Et qui ressent la tragédie à venir: terrible suspense. Elle se poursuit quelques pièces plus tard où Forsythe métamorphose son corps pour s’enfermer dans un sac-poubelle. Bateau à la dérive, homme déchet, je le perds de vue. Tel un consommateur d’images, nous observons notre impuissance. Plus loin, pour se pendre à une corde, il emprunte les processus de création à l’articulation de l’art contemporain et de la danse. Jusqu’où cela nous mène-t-il ? Vers ce dernier écran, où l’image rend liquide le corps de Forsythe. Il lui échappe, et nous sommes fascinés par le pouvoir de transformation de l’outil vidéo. Serions-nous aux manettes?

Je retourne au château du Corum pour me persuader que la démocratie sera plus forte que toutes les manipulations biologiques et technologiques. Je sais qu’un artiste travaille à nous mettre au centre de l'interaction entre l’art, le corps et notre société de l’image portable et transportable.

La métamorphose est en marche: le siècle de la "danse lumière " est à venir.

Pascal Bélywww.festivalier.net

L’installation “White Bouncy Castle” par The Forsythe Company au Corum de Montpellier les 22 et 23 juin 2010.

“Installations” par The Forsythe Company du 22 juin au 4 juillet 2010 au Pavillon Populaire de 11h à 19h

Crédit photo: Gabriel Richter.

 

 

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25 juin 2010 5 25 /06 /juin /2010 15:00

La pièce est annoncée comme l’événement du festival Montpellier Danse. “Symfonia Piesni Zealosnych” du chorégraphe Kader Attou (et directeur du Centre Chorégraphique National de La Rochelle / Poitou-Charentes) fait salle comble au cœur d’un lieu voué à la démolition. L’ancien Lycée professionnel Mendès-France est à l’abandon depuis 2009. Étrange résonance avec un pays dont la politique éducative créée des friches un peu partout. Ce soir, un chorégraphe s’installe symboliquement sur les vestiges d’une grandeur passée.

Le dispositif est bifrontal sans que l’on sache le sens de notre mise en scène, à moins qu’elle ne soit une forme pour séduire. Entre l’autre rive de spectateurs, il y dix danseurs venus d'horizons différents (du hip-hop, de la danse contemporaine et même du Khatak indien) qui interprètent trois mouvements (chant de lamentation tiré des Chants de Lysagora du monastère de la Sainte-Croix; prière polonaise à la vierge “Zdrowas Mario”; chant populaire de la région d’Opole). Cette symphonie, écrite par le musicien polonais Henryk Górecki, est  une évocation de la Shoah et de la souffrance des hommes. Autant dire que la charge émotionnelle de cette musique ne peut avoir la même force exploratrice que les œuvres de Steve Reich  ou de Christian Zanéci, sur lesquelles les chorégraphes Anne Teresa de Keersmaeker, Ginette Laurin ou Michel Kelemenis ont embarqué avec succès les spectateurs dans un voyage d’une infinie complexité.

 

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Ici, tout est donné à voir, à penser, avec générosité, mais j’ai appris à me méfier des propositions qui font le “travail” à ma place. Pour que ces trois visions de la danse s’enchevêtrent autour d'une symphonie, Kader Attou se charge lui aussi de nous émouvoir à partir d’un tableau chorégraphique aux multiples couleurs. Là une touche contemporaine, puis indienne, et au coin (souvent au coin, rarement au centre) un hip-hop qu’il fait entrer dans le panthéon de l’art officiel. A chaque mouvement, le tableau prend forme peu à peu, car l’humain est tendre, à l’image de ces corps où tout glisse comme une larme, où tout s’harmonise comme un bon sentiment. Très vite, Kader Attou créé la symétrie avec la symphonie en convoquant  ses (mes?) symboles. Et pas n’importe lesquels. Quelques hommes se regroupent et l’on pense immédiatement à “May B de Maguy Marin. Saisissant. Un couple se fait encercler par le groupe et s’y débat et l’on reconnaît la force de Sidi Larbi Cherkaoui. Ils endossent une cape rouge qu’ils jettent à terre, et reviennent les acteurs danseurs de Maguy Marin dans “Description d’un combat”. Un autre groupe d’hommes fusionnent dans des désarticulations complexes et je me souviens de la danse explosive d’Alain Platel.

Le groupe occupe en permanence l’espace et l’étau se resserre  sur la question du sens d’un tel déluge esthétique. La danse n’explore pas, mais implore votre sensibilité. Elle vous embrasse pour mieux vous étouffer. On mélange les genres, mais rien ne se tisse, tout s’impose comme une évidence. Les mouvements sculptent les groupes, mais font-ils pour autant une danse, enfermés dans le désir de démontrer coûte que coûte que le hip-hop est (enfin) légitime pour interpréter le sens de l’Histoire.

 

Kader Attou est donc entré dans le cercle fermé des Centres Chorégraphiques Nationaux qui ont enclenché   depuis quelque temps une vaste entreprise de séduction des publics et des tutelles. On y célèbre des icônes (Bashung et Gainsbourg chez Jean-Claude Gallotta à Grenoble, Cunningham pour Boris Charmatz à Rennes), un conte (Blanche Neige chez Angelin Preljocaj à Aix en Provence), des mythes (Pavlova chez Mathilde Monnier à Montpellier). À la même heure, Maguy Marin quitte le CCN de Rieux la Pape. Pour poursuivre son travail d’une danse qui positionne le spectateur sur le champ “politique”, parce que c’est là que nous puisons nos forces de résistances et de proposition face à une entreprise de démolition qui piétine chaque jour tous les symboles de la République.

Pascal Bély – www.festivalier.net


“Symfonia Piesni Zealosnych” du chorégraphe Kader Attou à Montpellier Danse du 22 au 25 juin 2010.

Crédit photo: Xavier Léoty

 

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