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RETROUVER LE NOUVEAU TADORNE SURWWW.FESTIVALIER.NET

1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 07:17

A l’heure où les journalistes et spécialistes s’interrogent sur le devenir de la danse contemporaine française, il existe des chorégraphes qui poursuivent leur recherche, travaillent l’art du mouvement dansé et donnent à ressentir la substance de cet art fragile. Michel Kelemenis fait partie de ceux qui ne sacrifient pas la danse au profit d’un concept à l’image de cette répétition générale d' Aléa, Viiiiite et Disgrâce, trois œuvres présentées dans le studio de la compagnie basé à Marseille.

C'est avec un regard électrisé que je redessine les contours de ces trois chorégraphies. Je garde en mémoire des courbes, des gestes, les trajectoires, les corps magnifiques et leurs discussions. J'ai conversé avec ces interprètes « promoteurs », qui éveillent la part d’humanité de la danse contemporaine. Je m'amuse ainsi à changer l’ordre d’apparition des trois oeuvres. Finir avec Viiiiite, car elle joue avec notre regard, avec l'idée du geste évanescent, comme un effacement que l'on ne peut retenir. Comme un rêve.

Puis poursuivre avec Aléa. La tension de ce septuor est palpable immédiatement. Les diagonales, les trajectoires, les mouvements d'une dureté certaine, nous plongent dans un tourbillon jusqu'à nous faire perdre le souffle. Le mouvement évolue jusqu'à sa plus simple expression et nous d'applaudir la performance des danseurs.

Disgrace5_Vig5-2.jpg

Disgrâce aurait ouvert ce programme. Stimulant nos codes de représentations, nos mythes et nos histoires, cette création pourrait être une des nombreuses définitions de la danse et nous rappelle de quoi nous sommes nourris. Prenant pour appui sur la musique de Tchaichovsky, "Le Lac des cygnes",  nos cinq danseurs s'offrent à nous. De la sculpture grecque à la vision machiste du monde actuel, l'écriture chorégraphique nous accompagne dans notre cheminement de la représentation sur notre condition. Naviguant entre poésie, réalité et onirisme, Michel Kelemenis signe avec Disgrâce un pamphlet sur l'amour de la danse et du corps. Corps « identité » (la virilité qui écrase l'autre), corps « objet » (la légère trace de rouge à lèvres sur les bouches des danseurs n'est pas sans évoquer les geishas), corps « instrumentalisés » (les bras levés rappellent la jeunesse aryenne) puis corps « fragiles » (fabuleuse mort du cygne agonisant sous un projecteur, cruelle réalité des faits divers de notre époque).

La danse de Michel Kelemenis vit à son rythme et nous entraîne dans un devenir en mouvement. Laissant au geste le temps de faire son œuvre, ses créations collent au corps et nous donnent un horizon ouvert. Pour se comprendre ; nous entendre.

Laurent Bourbousson – www.festivalier.net

 

 

Aléa, Viiiiite et Disgrâce - répétition générale au Studio - ont été donnés le mercredi 17 mars 2010.

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commentaires

S
Superbe article merci !
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